Peur et Culpabilité Bonjour!

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Tout au long de notre vie, nous sommes soumis à de nombreuses déconvenues, à des choix, lesquels nous déstabilisent, remettant parfois en question notre tout.
Et puis nous reprenons, de notre mieux, le cours de notre vie. On chute, on se relève et on avance... Ainsi est notre fonctionnement.

Et il arrive que nous sommes amenés à vivre une expérience qui touche une autre personne que nous; une personne que nous aimons très fort.

Le coeur qui se serre, la boule au ventre qui se forme, l'envie de vomir qui monte, l'envie de pleurer qui est sur les starting blocks, sans compter l'envie de crier.
La difficulté de garder un esprit clair se manifeste. Et puis tout à coup, notre cerveau se met en mode "survie".
Et nos émotions dans tout ça? Telles des groupies surexcitées qui se bousculent.

J'ouvre ici une parenthèse qui m'importe. Je ne tiens à débattre du niveau de gravité de l'accident, bien consciente et reconnaissante que notre enfant s'en tire bien.
Mon texte transmet ma manière de m'être positionnée face à cet événement et ce qu'elle engendre au niveau physique, psychologique et émotionnel.

Déstabilisée, désarçonnée, souffle coupé... Mon cerveau est en ébullition totale, je ne sais plus... je ne sais pas... Oui je perds mes moyens, cela me semble interminable.
Ce sentiment d'être démunie, d'avoir besoin d'aide pour prendre LA meilleure décision sur le moment. Et puis c'est à cet instant que Peur et Culpabilité pointent avec subtilité le bout de leur nez.

Quelle belle matinée d'hiver! Grand ciel bleu, le soleil qui prédomine, une température limite printanière, des conditions idéales pour notre 1ère journée de ski en famille.
Et c'est par surprise qu'un grain de sable décida de se joindre à nous...

Il tombe, il crie, il ne bouge plus... Il veut dormir et me dit "Maman c'est cassé!" Allez, tout va bien, il a eu peur, il est fatigué, c'est le choc, rien de grave!
Voilà comment je me rassure, ou plutôt comment je fais l'autruche. Je le motive même à se relever, minimisant pour le coup sa chute... ou tout simplement pour éviter l'inévitable.
Après 15 min, il est nécessaire de se rendre à l'évidence, il ne pourra se relever.

Tout s'enchaine alors très vite: évacuation en moto-neige, transfert en chaise roulante, radiographies accompagnées de cris de douleur, le verdict... Notre fils s'est fracturé le tibia.
Je l'entends encore me dire en pleurant "Maman je ne veux pas que mon tibia soit cassé".
Tant d'impuissance émane de tout mon être... Mes yeux le consolent avec tout mon amour, mon empathie, ma force "Ça va aller mon chouchounet, ça va aller".

Je ravale mes larmes, ne m'octroyant le droit de craquer. Forte je dois être, pour lui, pour nous, pour notre famille. Prendre les choses en mains, se ressaisir, s'organiser, être visionnaire. Se convaincre que tout va bien se passer tout en avançant dans l'inconnu.

Les minutes, les heures et les jours qui suivirent seront vécus dans la douleur, dans la tristesse, dans les cris (lui et nous...), dans la culpabilité, dans les reproches, dans l'accumulation de jets d'émotions venant de toute part, dans la gestion du stress défaillante.

Si l'accident en lui-même est "sans gravité", ce sont les dommages collatéraux qui ébranlent notre structure. Avouons que ce grain de sable aura eu, et a encore, pour conséquence de jouer avec nos nerfs, de déstabiliser notre vie bien pépère et de nous rappeler que nos choix ont de répercussions.

C'est à tête non reposée que nous laissons s'installer nos émotions négatives, que nous tentons d'analyser le déroulement de cette matinée, de nos réactions, de ce que nous aurions dû faire ou ne pas faire, de nos choix de matin-là.
Vous vous en doutez bien, rien de bon n'en ressort. Cela fait même des étincelles à la hauteur de celles annonçant le départ d'un feu d'artifice.

Pourquoi se triturer autant le cerveau?
Parce que nous avons laisser Peur et Culpabilité rentrer dans nos vies et prendre le dessus.

La Peur: de la chute, des blessures, des séquelles éventuelles, de la douleur, de revivre l'accident. Et pour ma part, cette peur de l'insécurité.

La Culpabilité (et je parle pour moi): elle prend une sacrée place celle-ci! Elle est remplie de "Si j'avais été plus réactive", de "C'est ton rôle de le protéger et tu as failli". En clair, oui jusqu'à peu je ne pouvais m'empêcher de prendre la responsabilité de la chute de notre fils.

Cet événement a réveillé en moi de douloureux souvenirs d'enfance (à mon très jeune âge), alors même que je n'ai eu aucun accident de ski.
C'est ce sentiment profond d'être en insécurité qui s'est réveillé, cette peur de revivre ce sentiment et d'éprouver les émotions négatives qui m'affaiblissent, qui me démontent, qui me rendent encore plus vulnérable.

Il est important de se rappeler que notre corps garde en mémoire tout ce qui nous arrive, depuis notre conception, à ce jour. Pourtant, sans que nous y voyions un lient évident, notre corps, lui, fait un amalgame des sentiments et émotions avec d'anciennes expériences vécues et "Hey! Coucou! TocTocToc! Écoute-moi!" par l'apparition de troubles divers.

Forte de croire (enfin plutôt mon ego) que je pouvais gérer toute cela toute seule, j'ai refusé, d'une manière ou d'une autre, le soutien que l'on pouvait me proposer.
J'avais déjà trop manqué à mon rôle de maman, je me devais de gérer toute seule.
Aïe! Il m'aura fallu tomber et avoir si peur de ce que je pouvais ressentir dans mon corps pour réaliser que je me retrouvais sans force et que j'avais besoin d'aide. Des maux..., ceux de ma Boîte de Pandore, venaient de surgir.

Cordonnier mal chaussé? Non... dans mon cas, je me suis laissée happée par un carcan destructeur, duquel je me suis refusée de sortir, comme pour me punir d'avoir failli.

Trop souvent j'ai regardé de mes yeux d'enfants ces situations.

Alors, c'est avec lucidité que j'ai pris le taureau par les cornes. Cette vie négative je la balaye, elle ne m'appartient pas.

Oh combien est l'importance de laisser, d'accepter et de respecter nos émotions et nos sentiments. Des parts de nous sont en souffrance et ont besoin que l'on prenne soin d'elles.
Les accueillir c'est les remarquer, c'est les consoler, c'est les accompagner dans leur existence. Prendre soin d'elles, c'est prendre soin de nous.

Pour terminer sur une note des plus positives, notre enfant est un battant! Il a su prendre le dessus avec brio et a refusé de se laisser abattre, prenant sur lui, à la hauteur de ses 6 ans, sa frustration quand il regarde les autres jouer depuis sa chaise roulante, quand on lui prolonge le port du plâtre entier à chaque rendez-vous. Et pourtant il y croit, il se fixe des objectifs et il sait qu'il y arrivera. Quelle force! C'est notre champion! Tellement de ressources émanent de ce petit être.

✨Je suis reconnaissante d'avoir un mari qui donne de tout son être pour me protéger, pour me mettre en sécurité, chaque jour.
✨Je suis reconnaissante d'avoir notre fille qui elle aussi prend soin de moi, par son amour, par sa douceur, par ses câlins, par son soutien.
✨Je suis reconnaissante d'avoir notre fils qui m'ouvre les yeux sur certains de mes comportements. Quand on parle de miroir... avec lui c'est plus que flagrant.

Sans compter l'amour indéfectible de ma famille et de mes amis ❤️