Mon ventre est content

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Angoisses – Culpabilité – Honte – Peur du jugement – Besoin d’amour

C’est un mille-feuille de situations diverses, d’attentes, de besoins inassouvis qui ont généré cette relation avec la nourriture. C’est mon histoire de vie, et ce sont mes besoins. Mes choix de traitement me sont propres, et il est important de trouver les prises en charge qui correspondent à chacun.  


« Je crois que je veux juste qu’on m’aime, qu’on prenne soin de moi, qu’on me voie, qu’on m’écoute. Mais je dois me faire toute petite, ne pas déranger, parce que ce n’est pas le moment. »

« A l’école ils disent « Retard dans l’apprentissage de la lecture », « Larguée en maths », « La tête dans les nuages ». Je m’évade, je m’absente, dans ma bulle je me sens bien. »

« Hmmm le chocolat c’est trop bon, c’est si doux sur ma langue, ça me fait du bien. Encore un peu, juste un peu, mon ventre est content. J’aime bien Pâques, on reçoit toujours plein de chocolat »

« J’ai mal au ventre, j’arrive plus à aller aux toilettes. Le docteur dit qu’il faut arrêter le chocolat… Je suis triste. Qu’est-ce que je vais pouvoir manger maintenant qui rend mon ventre content ? »

« Hmmm ça sent bon le repas de maman, je mange, encore. Comme ça fait du bien ! Mon ventre est content. J’ai mal au ventre, vite je dois vomir. Trop tard pour les toilettes… je vais à la cuisine, dans le lavabo. »

« Je vais chercher le pain pour maman. Hmmm elle sent bon cette boulangerie. Il reste des ptits sous, je peux prendre un Raider. Hmmm c’est tellement bon, mon ventre est content. Vite maman m’attend avec le pain, vite finir, vite trouver une poubelle, vite on doit pas me voir. »

« J’ai mal au ventre, j’ai très mal au ventre. Je cours, je tombe, j’ai mal au ventre. Je dois aller chez le docteur. Il contrôle mon ventre, il veut me mettre un doigt dans les fesses ; c’est normal pour contrôler. J’ai peur… j’ai honte… je veux pas être là. C’est normal de contrôler mon ventre comme ça. »

« Le docteur il me dit que je suis trop lourde, qu’il a eu de la peine à me porter. Je mange trop, je dois arrêter de manger autant… La nourriture est pas bonne à l’hôpital… alors je ne mange pas. Je dois moins manger de toute façon, alors c’est mieux comme ça. »

« C’est dimanche et c’est l’heure d’Alerte à Malibu. Comme elles sont belles les filles avec les maillots de bain rouge. Mon papa aussi les trouve très belles. Il y en a une qui est triste, elle mange beaucoup, comme moi, elle a aussi beaucoup mal au ventre, comme moi… Elle attend pas que son ventre décide de vomir, c’est elle qui décide de vomir. »

« Ça y est ! J’ai un petit copain ! Je suis tellement contente, je suis une fille aimable… En fait non, c’est un pari, un pari… Il ne m’aime pas, il choisit une autre fille. Je ne dis rien, j’avale encore ma tristesse, des chips, des tartines à la Nutella. Au moins la nourriture elle m’aime, elle me fait du bien, elle prend soin de moi. »

« Quand je vais acheter les cigarettes de papa et maman je regarde des magazines, parce qu’on peut pas en acheter. Ils expliquent bien comment on peut devenir comme les filles dans Alerte à Malibu. D’accord j’ai compris comment faire. Manger lentement, en 20 min minimum, manger moins et faire du sport tous les jours. »


Depuis petite la nourriture avait une grande place dans ma vie. Elle était synonyme de réconfort, d’amour ; elle me remplissait.  À l’adolescence elle me faisait plus de mal que de bien, mais c’était plus fort que moi à ce moment-là. J’en avait besoin.

À mes 18 ans j’ai bifurqué pour agir autrement. J’ai réduit considérablement mes portions. Tous les soirs, après les cours, j’allais faire 2h de fitness. Comme j’étais fière le jour où un homme m’a dit « Si tu continues comme ça tu vas perdre un os ! » Non, je ne voyais pas que j’étais sur le point de dépasser la limite… J’étais trop fière de voir que je contrôlais parfaitement mon corps, et que je n’avais plus besoin de me faire vomir. J’ai mis en place de nombreuses stratégies pour que cela passe inaperçu. Non, je ne réalisais pas, ou je ne le voulais pas, que j’avais atteint des extrêmes. 

En 2001, après une opération des deux genoux, j’ai décidé de quasi cesser de m’alimenter pour ne pas grossir, étant consciente qu’en devant rester immobilisée, j’allais au-devant d’une prise de poids, ce qui était clairement inenvisageable. J’ai prétexté auprès du staff médical que les anti-douleur me coupaient l’appétit. Après c’était l’excuse que l’inactivité rendait ma faim inexistante. Si mon corps physiquement était épuisé, sans ressources, mon mental était déterminé à ne rien lâcher. Le pouvoir de notre cerveau…

Aujourd’hui je suis heureuse de vivre sereinement, de profiter de la vie grâce à un travail effectué en psychologie et, à présent, en kinésiologie. J’aime manger, et j’apprécie ce que je mange, et ceci sans créer de stress. Il m’aura fallu plusieurs années pour modifier mon comportement, pour croire que c’est possible, en découvrant que mon corps représente mon enveloppe, qu’il m’est utile pour vivre et qu’il ne définit pas la personne que je suis.

Est-ce qu’il m’arrive parfois d’être à la limite de retourner dans ce carcan destructeur ? Non

Est-ce qu’il m’arrive de culpabiliser quand je mange ? Ça dépend. Et quand cela arrive, j’accueille et je demande pardon à mon corps d’y penser. J’accepte tout simplement que cela fasse partie de moi, de mon vécu, d’un fonctionnement. Pour moi c’est comme un tatouage que j’ai décidé d’enlever au laser ; il est effacé et pourtant toujours là, avec les charges émotionnelles en moins.

Il me tient à cœur de préciser que mes années de thérapies m’ont permis de réaliser que mon obnubilation d’être aimée des autres m’a empêché de découvrir comment m’aimer moi-même. De nombreuses peurs ont dirigées mes comportements, mes choix. Aujourd’hui j’en suis consciente, et j’y travaille encore. Je sais enfin que s’aimer soi-même n’est pas significatif d’égoïsme, de narcissisme. C’est tout simplement reconnaître sa valeur et l’apprécier. Et puis tout est une question d’équilibre ;0) Rappelons-nous que les extrêmes cachent des peurs, des manques, des blessures.

Pour terminer, je dirais qu’avec la kinésiologie
  • Je peux écouter mon corps, écouter tout ce qu’il a à me dire (même ce qui me dérange)
  • Je peux être guidée sur MES besoins, sur mes fonctionnements et donc puiser en moi les ressources
  • Je peux retrouver la sérénité dans mon rapport avec l’alimentation
  • Je peux accueillir mes émotions et les canaliser
  • Je peux soigner mes extrêmes, en les acceptant et en cessant de me flageller
  • Et surtout, je peux enfin m’aimer et me pardonner !

Car oui, m’entretenir avec mon corps fait que je sais. Cela ne tient qu’à moi seule de le respecter.

 

RAPPEL : la kinésiologie ne se substitue pas à un suivi médical et psychologique, lequel doit rester prioritaire. La kinésiologie s’utilise comme complément afin de mieux aborder toute la partie émotionnelle.