Je me souviens...


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La vie est loin d'être rose tous les jours, et pour certains depuis leurs premiers jours de vie.

Vous êtes-vous déjà demandé ce que vous faisiez sur terre? Quel est votre rôle?

Vous êtes-vous déjà dit "Je suis nul(le), je ne fais jamais rien de bien", "Je me sens inutile", "Je n'apporte rien de positif à mon entourage, je fais souffrir ceux que j'aime", "Je ne sers à rien, je n'ai pas ma place dans ce monde", "Tout est de ma faute", "J'aimerais disparaître".
Des idées noire, de la culpabilité, de la colère, de la tristesse, du désarroi, de la honte...
Une ribambelle d'émotions et de sentiments dévastateurs, qui s'ancrent en nous, se transformant en fardeaux...
Nous coulons à pic, seul. Autant de phrase destructrices, synonymes d'échecs répétés, de dévalorisation externes mais surtout d'une auto-dévalorisation.

Ces sentiments sont lourds de conséquences et nous amènent à l'autodestruction: les dépendances, les TCA, la dépression, la tentative de suicide. Durant toute notre vie nous sommes amenés à vivre des événements douloureux: violence (verbale et/ou physique) dans notre foyer, harcèlement scolaire, l'abandon, la perte d'un proche, la maladie, et bien d'autres situations auxquelles nous devons faire face.

"Je me souviens de leurs cris, du bruit des portes qui claquent, de la vaisselle qui se casse... de mes réveils nocturnes...
Je me souviens, plus grande, du nombre de fois où je me suis dit "Eh c'est reparti!" lassée de les voir se déchirer, de ne jamais s'écouter, de ne jamais réussir à régler leurs problèmes.

Je me souviens de sa déchéance, de ce ras le bol éprouvé de le voir se détruire, cette incompréhension, mes jugements, mais surtout ce sentiment d'impuissance face à sa détresse, à sa solitude, mon coeur se déchirant petit à petit en sachant que bientôt il ne serait plus... de l'amour que j'avais pour lui malgré tout.

Je me souviens des rires sur mon passage...
Je me souviens de la honte éprouvée à porter le nom de famille Bonnet "Bonnet d'âne!", "Ben alors Bonnet, t'as pas mis ton bonnet?!" LOL ces bonnes vielles blagues que je ne trouvais pas drôles et qui me rendaient triste.

Je me souviens du mot circulant dans la classe "Pamela est une grosse vache".
Je me souviens du "Hôtesse de l'air? Avec des hanches pareilles elle ne passera jamais entre les sièges!" Ah mes hanches... trop longtemps j'ai souhaité les raboter.
Je me souviens de ce prof "Hue PamPam!" alors que j'étais tétanisée à devoir répondre à une question devant toute la classe et que je me suis dit que j'étais vraiment nulle.

Je me souviens de la première fois où ma tête finit au-dessus des toilettes après mon repas.
Je me souviens du jour où j'ai décidé de ne plus m'alimenter pour ne pas grossir.
Je me souviens de la fierté éprouvée dans un pantalon 34.
Je me souviens du jour où je voulais être transparente.

Je me souviens du coup de téléphone en novembre 2007.
Je me souviens de la douleur ressentie à l'idée de ne plus jamais pouvoir le voir.
Je me souviens de son nom sur la pierre tombale.
Je me souviens de la culpabilité de n'avoir eu le temps de lui dire tout l'amour que j'avais pour lui.

Je me souviens de mon incompréhension devant cet écran où il devait normalement apparaître.
Je me souviens de ma détresse dans cette chambre d'hôpital.
Je me souviens de cet air glacial dans la salle d'opération.
Je me souviens du vide laissé en moi.

Je me souviens de ma tête qui tourne.
Je me souviens de ce verre que je refuse vide.
Je me souviens de ma déprime une fois les effets passés.
Je me souviens des black-out.


Ces situations représentent une partie de mon histoire, telles que je les ai perçues et vécues. Elles ont eu une incidence sur mes pensées relatives au fonctionnement de la vie, sur mes choix, sur mes actes. Cela serait hypocrite de ma part que d'affirmer avoir cru que ces situations puissent être normales. Car du moment que l'on souffre, que l'on fasse souffrir, où se trouve la normalité? Ne serait-ce pas plutôt une douloureuse réalité partagée?

Très jeune j'ai compris la dureté de la vie, très jeune j'ai vécu et ressenti la souffrance autour de moi. Trop souvent j'ai cru que le malheur était dans les gènes, que les moments de bonheur seraient éphémères, que ce qui m'attendait dans mon avenir en tant qu’adulte serait un "copié-collé" de ce que j’avais vu chez les adultes m’entourant durant mon enfance/adolescence. D'ailleurs j'y croyais tellement fort que j'ai attiré de nombreuses situations similaires: disputes virulentes, dépendance, adultère, personnes toxiques, mésestime de soi, autodestruction.

Je n'ai jamais pu "réparer" mes parents, leur couple, leur coeur meurtri.
J'ai couru après un idéal physique pour ne plus subir les moqueries, je me suis toujours vue disproportionnée, ce qui m'a amené à faire du sport à outrance, à essayer toutes les méthodes dites "équilibrage alimentaire" (pour ne pas dire régimes...), à peu manger, à ne rien garder dans mon estomac.
J'ai choisi l'ivresse pour faire taire cette petite voix dans ma tête qui passait la même ritournelle, pour me déconnecter de ma réalité.

Ce que j'ai longtemps ignoré, et que j'ai fini par découvrir (en suivant une psychothérapie, par introspection et par la pratique de la kinésiologie), c'est la force que nous possédons tous au fond de nous.

Mon histoire comporte des moments merveilleux, des essentialités à ma survie.
Mes fous rire avec mes soeurs (heureusement que l'on était ensemble...), mes sorties (synonymes de rencontres et de bouffées d'air; merci l'Alambic), mes liens d'amitié tissés, la rencontre d'avec mon mari, notre mariage, la naissance de nos deux joyaux de la vie, et toutes les personnes bienveillantes que j'ai croisé sur mon chemin, lesquelles m'ont aidé, d'une manière ou d'une autre, à découvrir qui j'étais vraiment, à aimer ma personnalité si spéciale puisse-t-elle être et à respecter mon corps tout entier.

Je fais de mon mieux pour faire RESET sur toutes mes fausses croyances.
J'apprends encore à me faire confiance, il y encore des jours compliqués où je me sens déstabilisée, où revenir dans mes anciennes habitudes me confère comme une sorte de sécurité. Mais à présent j'ai les outils qu'il me faut pour y arriver et je sais que je suis responsable de ma vie.

"Nous sommes ce que nous pensons. Tout ce que nous sommes résulte de nos pensées. Avec nos pensées, nous bâtissons notre monde". Bdouddha



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